Okuyama-ryu - France

Okuyama-ryu - France

Les sources historiques du shiatsu de l'école

En japonais, le mot "shiatsu" est formé de deux idéogrammes, le premier "shi" signifie "doigt" et le second "atsu" peut être traduit par "pression". Ainsi, la "pression digitale est caractéristique de cette technique de soins venue du Japon. En réalité, les techniques sont variées car elles comprennent aussi des manipulations, des poussées, des tractions ou d'autres mouvements pour interagir sur le système ostéo-articulaire et circulatoire. 

 

Souvent présenté comme une discipline issue de la médecine traditionnelle chinoise, la réalité est un peu plus complexe car le shiatsu a pris son essor au Japon, peu après la seconde guerre mondiale grâce à Tokujiro Nakimoshi. Il avait abordé la thérapie shiatsu en se démarquant des théories anciennes et en apportant des éléments nouveaux de compréhension issues des sciences médicales modernes. A l'époque, la culture occidentale et les sciences modernes prenaient le pas sur le savoir traditionnel. En 1955, il obtint la reconnaissance du Ministère de la Santé avec la possibilité pour les étudiants d'obtenir un diplôme d'Etat. Aujourd’hui, il existe une vingtaine d’école au Japon ayant une reconnaissance officielle pour délivrer un diplôme reconnu par le gouvernement.

 

A côté de ces organismes, d’autres écoles de shiatsu délivrent un « certificat d’école ». Dans la majorité des cas, elles ont gardé l'influence de la médecine traditionnelle chinoise. Pour faire simple, les méridiens et les points d'acupuncture sont à la base de ces pratiques, c'est le cas, par exemple, du Koho-Shiatsu (Hirata et Ryuho Okuyama) et du Zen-Shiatsu (Shizotu Masunaga) qui sont les deux courant les plus connus en Occident. Bien entendu, ces deux écoles ont aussi leurs techniques spécifiques et elles se distinguent l'une de l'autre dans leurs approches. 

 

Si on remonte un peu plus dans le temps, c'est en 1928 que Kazuma Fukunaga publie (sous le nom de plume "Tenpeki Tamai") un ouvrage à visée thérapeutique "Chikara Oyo Ryohô avec un chapitre sur les méthodes de pression digitale : shiatsu hô. Plus tard (en 1939), il consacrera un livre entier sur cette méthode. A l'époque, la médecine chinoise était à l'origine de nombreuses thérapeutiques employées au Japon. Le « diagnostic par les méridiens » consistait à réaliser une palpation de ceux-ci : les zones réputées douloureuses ou présentant quelques caractéristiques comme de la chaleur, des tensions ou au contraire une sensation de froid ou de « vide » apportaient des indications précieuses au praticien. Ces observations les ont amené à pratiquer des pressions et des massages spécifiques afin de soulager et corriger les effets observés.

 

En résumé, même s’il n’existe pas un shiatsu mais de nombreux styles (ou écoles), la pression verticale sur l’ensemble des parties du corps reste la base commune de la technique. Comme on l’a vu, le shiatsu dérive de formes plus anciennes de massages appelés au Japon « Anma » ou en Chine « Anmo » ou « Tuina ». Dans les écoles traditionnelles, les méridiens d’acupuncture et la théorie de la médecine chinoise restent la référence pour la pratique. Dans les écoles plus récentes, l’anatomie moderne et la physiopathologie de la médecine occidentale ont défini de nouveaux repères et concepts afin d’adapter la pratique aux réalités et aux besoins d’aujourd’hui. Toutefois, certains étudiants ayant validé leur diplôme d’État font le choix de compléter leurs études dans une école traditionnelle, preuve qu’elles ont réussi à garder toute leur crédibilité et leurs intérêts dans le Japon d’aujourd’hui.

 

 

Thierry Riesser, le précurseur (presque) oublié du shiatsu en France.

 

Comme rappeler dans un autre article, le fondateur de l’école Okuyama (Okuyama-ryu), Thierry Riesser (1950 – 2010) avait fait son apprentissage au Japon auprès de maître Ryuho Okuyama. Il continua ses études en se formant à l’acupuncture au Meiji College of Orientale Medicine à Kyoto (Japon). En France, il avait ouvert un premier cabinet en 1973 à Montpellier avant de s’installer à Paris, 3 rue Bargue dans le 15ème arrondissement. Soucieux de transmettre son savoir, il fut à l’initiative de la première association nationale de shiatsu : la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel Japonais – FFSTJ (Ne pas confondre avec l’actuelle FFST - Fédération plus récente et sans lien avec la précédente).

 

Thierry Riesser souhaitait développer en France, un cursus avec les mêmes exigences de savoir et de pratique qu’au Japon, s’inspirant aussi de l’œuvre et de l’expérience de T. Nakimoshi. A ce sujet, Thierry Riesser (Masseur-Kinésithérapeute de formation) aimait rappeler que le shiatsu s’appuie aussi sur des principes très claires d’anatomie-physiologie communs à toutes les techniques manuelles. Il ne pouvait concevoir qu’un étudiant ne connaissent pas précisément le système ostéo-articulaire et musculaire et « travaille  à l’aveugle sans trop savoir se qui se passe sous ses mains »1. De même, il plaidait pour la mise en place d’une véritable formation en sémiologie médicale moderne dans le but de sécuriser au maximum la pratique, inciter l’étudiant et futur praticien à reconnaître ses limites et surtout, ne pas détourner un patient d’un parcours de soins conventionnels si cela s’avérait nécessaire. Il avait aussi développé une véritable progression dans l’apprentissage de la pratique avec des kata d’initiation, avant d’aborder le koho-shiatsu proprement dit. La FFSTJ avait la charge de gérer et encadrer la formation, celle-ci fut dissoute en 2016 en rejoignant l'UFPMTJ (L'Union Française des Praticiens de Médecine Traditionnelle Japonaise). 

 

Un nouveau "Programme d'étude du Shiatsu Traditionnel Japonais"  ambitieux et défini avec les mêmes critères d'exigence est, de nouveau, proposé aux pratiquants de l'Okuyama-ryu en France, renouant ainsi avec la tradition originale de l'école. 

 

1Cité dans le cours d’Anatomie et de Physiologie de la « Fédération Française de Shiatsu Traditionnel Japonaise »



10/07/2024

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