Le Kô-bu-jutsu pour un retour aux sources
A partir de la rentrée 2024, l'étude du kô-bu-jutsu (en japonais : techniques des armes anciennes) sera intégré à l'enseignement de l'Okuyama-ryu, pourquoi cette décision ?
Notre école, selon les mots de ses fondateurs, n’est rien d’autre que la pure et instinctive, juste et humaine, préservation de soi dans cet instant redouté séparant la vie de la mort. Cette simplicité d’intention, et le nombre ‘restreint’ de techniques (limité en apparence : inutile « d’étoffer » artificiellement en inventant moultes variantes… celles-ci surgissent spontanément des circonstances), ne doivent pas cacher l’immense richesse des outils d’étude proposés.
Maître Okuyama Ryûhô, préalablement à la fondation du Hakkô-ryû en juin 1941, s’initia à des armes variées : le ken-jutsu (art antique du sabre – par opposition au kendô moderne , à Teshiô), le bô-jutsu (le bâton long, à Nigata), le kyû-jutsu (art antique du grand arc japonais, le yumi, à Haguro), le yari-jutsu (art de la lance). Les kata, dès le sandan, intègrent d’ailleurs la défense à mains nues contre katana, tantô et jô.
Dans un soucis de retour aux sources, l’Okuyama-ryû enseigne à nouveau cette "science" (au sens premier du terme) des armes de guerre, ancienne et traditionnelle, 'kakuto-bugei', ou 'kô-bu-jutsu', non transformée depuis la disparition des champs de bataille depuis l’époque du Japon en guerre des samurai (Sengoku-jidai), non touchée par la compétition ou le formatage moderne. Transmise intacte depuis des générations de maîtres à disciples des kôryû (écoles anciennes).
On dissipera immédiatement tous les doutes quant à l’utilité de ce travail des armes traditionnelles dans un « art de self-défense » contemporain. Il est apparu indispensable ; pour aiguiser l’attention par un sentiment de danger plus réel ; pour s’efforcer à l’économie d’énergie (il faut l’endurance nécessaire au temps de la bataille, endurance soutenue et modérée par l‘intelligence du mouvement : un minimum d’effort pour un maximum d’efficacité) ; pour éduquer le corps à des mouvements unis, amples, précis, et justes : ceux qui ont présidé à la création de notre école et de celles qui l'ont précédées. La justesse dont l’aboutissement est la rectitude, l’équilibre et la santé.
Les armes sont le prolongement du corps, amplifiant la question du rapport à soi, à l’adversaire, à la distance qui nous sépare ou nous unit. Et, ipso-facto, le prolongement de l’esprit. La lumière de l’âme se reflète dans la clarté du sabre, comme la pureté du cœur dans la technique du guerrier.
Le travail des armes est donc enseigné à part entière, et constitue l’un des panneaux du triptyque insécable de l'Okuyama-ryû : kobujutsu-yawara-shiatsu.
Shihan Christophe Tretsch
09/07/2024
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